Un compost d’une qualité certifiée 

L’une des grandes avancées de l’expérimentation que nous avons souhaitée et qui a été réalisée par Christophe Boudet, fondateur de Formacompost, maître composteur et spécialiste des biodéchets, est d’avoir démontré l’apport bénéfique des litières végétales dans les biodéchets. 

Les résultats font en effet état d’une conformité exemplaire de cette matière fertilisante de haut niveau selon la norme NF U44-051. 

La procédure 

Lors de cette expérimentation, les litières végétales souillées ont constitué 7 % des apports dans les biodéchets pour se conformer aux caractérisations maximales constatées dans les OMR* dont des litières végétales agglomérantes et non agglomérantes à base de bois en majorité et d’autres, à base de blé. En toute petite quantité, soit 100 kg. Il a fallu y ajouter du broyat de bois, des copeaux, du foin et des feuilles mortes à hauteur de 20 % du mélange. Les 750 litres restant étaient composés de biodéchets : fruits et légumes invendus, épluchures de légumes et de fruits pour la très grande majorité, restes de repas pour une minorité. La phase d’apport a été de 2.5 mois la phase de maturation de 3.5 mois.

Au final, on constate que pour obtenir un résultat optimal, il faut un composteur bien isolé et bien protégé des intempéries lors d’hivers pluvieux ou froids d’une part, et que l’apport en air soufflé ne doit pas se faire en continu. Ainsi, on évite des chutes de températures puisqu’on la maintient constante, puis croissante. 

Quelques extraits du rapport : les qualités organoleptiques du compost 

L’aspect visuel : très bonne décomposition, aspect noirâtre et grumeleux, cependant très humide (fortes pluies début septembre).  

Odeurs : aucune odeur d’ammoniaque ou de souffre mais plutôt, une odeur de sous-bois, de champignons, de terre humide.  

Le processus de compostage à air soufflé a parfaitement rempli son rôle. Il n’y pas eu de phase anaérobie durant cette expérimentation.  

Tous les déchets sont transformés. La température ayant baissé et rejoint la température extérieure lors de la phase de maturation, le compost a été colonisé par de nombreux lombrics (d’où l’aspect très fin, analogue à ce que pourrait trouver dans un lombricompost). 

Le test de maturité est très satisfaisant. Celui-ci consiste à observer la germination et la croissance des graines dans un amendement organique ou un support de culture (compost en premier lieu). Cette étape permet de vérifier l’innocuité du produit vis-à-vis la germination des graines, partant du principe qu’un compost immature engendre une phytotoxicité et donc, perturbe la germination et/ou la croissance des végétaux. 

Le pH final légèrement alcalin (8,5), fait du compost obtenu lors de l’expérimentation un produit sans risques pour le sol et pour les plantes. 

Un rapport Carbone sur Azote (C/N) de 21,6.  Pour que la qualité finale du compost soit intéressante agronomiquement parlant (avoir une bonne valeur fertilisante), il est nécessaire que le C/ N du mélange de matières soit environ entre 25 et 35 au départ du processus, pour finir entre 15 et 20 en fin de maturation. La réduction du taux s’explique par la transformation active du carbone en gaz carbonique. Cependant, l’apport régulier de matières carbonées permet une stabilisation du rapport C/N aux alentours de 15. 

 L’analyse des unités fertilisantes de l’échantillon de compost le rend conforme à la norme NF U44-051 ( N+P+K =1% sur matières brutes < 7% conforme). 

Ainsi, pour, un investissement inférieur à 5.000 €, les collectivités pourront valoriser leurs biodéchets. D’autant plus, si on parvient à faire monter la température du mélange en compostage à plus de 50 degrés durant plusieurs jours (ou 67 degrés durant une heure). Cela constitue une opportunité pour les communautés de communes rurales ou mixtes qui sont confrontées à cette question. 

Et ce sera également un ballon d’oxygène pour les communautés de communes urbaines dès que les législateurs et les ministères se seront accordés sur les modifications réglementaires nécessaires. 

Pour entendre christophe Boudet